Stéphanie Lucas


Juliette

Juliette, douce, belle et légère, attendait impatiemment Roméo. Comme tous les soirs sur son balcon, elle attend ce fameux SMS qui l'emmènera aux bras de son chaleureux poussin. C'est pour elle un long moment et donc, elle mange tout ce qui traîne : citrouille, courgette, choux de Bruxelles, petits pois, choucroute, radis noir, épinard... et même des petites douceurs comme les Cha Cha. Enfin, en bas de chez elle, dans cette herbe plutôt jaune, elle voit son boiteux joyaux arriver. Celui-ci portait un cabas dans lequel se trouve des choux à la crème. « Tête de noeud ! Lui cria sa belle. Ce sont les Cha cha que je préfère ! » Et comme tous les soirs, Roméo tourna ses bottes en cuir et son chapeau melon enfoncé sur la tête pour revenir le lendemain. Cette fois-ci, il n'oubliera peut-être plus la liste de course.

C'est comme ça que Juliette et Roméo s'aiment.

De mauvaises résolutions

- Commencer à fumer
- Se saouler tous les soirs
- Marcher pieds nus dans la rue
- Se balader en t-shirt sous la pluie
- Se coucher très très tard et rester au lit très très tard le matin
- Oublier souvent d'aller au bureau
- Insulter les gens quand ils sont cons (De toute façon, tous ces gens sont cons, donc je peux tous les insulter)
- Ne plus me laver avant... disons Noël
- Me raser le crâne
- Avant de me raser le crâne, teindre les cheveux en bleus
- Pendre les enfants au porte-manteau quand ils m'emmerdent
- Acheter une kyrielle de rats pour en faire une grande famille

Je trouve toutes ces idées génialissimes. Je ne vois absolument pas en quoi ce ne serait que des mauvaises résolutions.

Un gaucher...

Un gaucher dans la famille
C'est du pain d'épice béni
La fourchette, de ce côté-ci
La tête, dans le ciel qui brille
Un coeur gros comme les jonquilles
De la créativité à l'infini
Une amitié qui donne envie
Et plein d'espoir dans les pupilles

La fin de quelque chose...

SMS. C'est la première fois que je pleure. Jamais je n'ai pleuré depuis que j'ai 10 ans. J'ai pleuré, en cachette. La maman de mon meilleur ami, Jonathan, m'annonce la mort de son fils. Comme ça, de but en blanc, par SMS. J'étais dans la cuisine et je suis monté dans ma chambre pour pleurer. J'avais honte, j'étais triste, j'étais en colère. Non, je suis toujours en colère. J'ai envie de crier au monde entier mon désespoir, ma crainte de ne plus retrouver un ami pareil. Des amis, on n'en a pas à la pelle, celui-là, il était en OR. En OR putain. Pourquoi ce con a sauté sur les rails? Pourquoi ce con a-t-il décidé de tourner le dos au monde? Putain de merde, je veux crier ma rage, ma colère. Mais qu'est-ce qui lui a traversé l'esprit quand il a fait ça? Pourquoi je n'étais pas là ? Je culpabilise à mort. Je devais être là, j'aurais dû être présent. Pourquoi a-t-il fallu que je sois malade pour ne pas aller à l'école et ne pas reprendre le train avec lui? Grippe de merde. J'emmerde le monde.
Tiens, je me souviens, un jour, il m'a donné une lettre et m'a dit en plaisantant, que si un jour il n'était plus là, je pourrais l'ouvrir. J'ai promis de la laisser fermée. Maintenant, j'ai peur de l'ouvrir, comme une grosse appréhension. J'ai vraiment peur.

J'ai ouvert la lettre. What the fuck ?!!! J'y crois pas ! Même à moi, son meilleur ami, il ne m'a jamais dit qu'il préférait les hommes. Et alors ? C'était mon pote, c'est tout. Je l'aimais plus que tout. Se suicider parce qu'être homo, c'est être différent et donc malade... Je déteste ses parents, je me souviens qu'ils sont homophobes. L'acceptation n'était pas possible. C'est juste horrible. Je les déteste. Quand je vais devoir avouer à ses parents, pourquoi ce geste désespéré... ça va être horrible.
En colère, en question, je suis trop triste... Je les hais ses parents, et ce putain de monde !!!

Le bruit

Il est partout, tout le temps, à tout moment. Le bruit de la circulation, des enfants dans la cour, des néons, des ordinateurs, de l'eau qui coule. Le bruit de la radio, du ventilateur, du micro-ondes, des feuilles, de la nuit. Sauf que, il y a du bruit qui fatigue et du bruit magique. Celui-là, je préfère l'appeler musique. Et donc je peux recommencer la description. Il y a le bruit des cris des enfants, et la musique de leur rire. Il y a le bruit de la hotte et la musique des aliments qui cuisent. Il y a le bruit de l'autre, énervé, et la musique de ses douces paroles. Il y a le bruit de bébé qui pleure et la musique de bébé qui rit. Il y a le bruit des chiens qui aboient et la musique des animaux de forêts. Il y a le bruit de la circulation et la musique de... Non, là, il n'y a que du bruit ! Il y a le bruit de la cloche qui sonne la fin de récré et la musique de la cloche qui sonne le début de récré. Il y a la musique de la mer, des vagues, du vent dans les arbres, il n'y a pas de bruit.
Le bruit fatigue, la musique repose.
 
Ecrire


Ecrire du merveilleux
Pour un monde mielleux
Ecrire sans fin
Un monde plein de petits lutins


Ecrire pour être heureux
Et avoir un monde lumineux
Ecrire le matin
Et être bien


Ecrire de son mieux
En étant prodigieux
Ecrire en mangeant de petits pains
Tout chaud, de bon matin


Ecrire, c'est scandaleux
C'est comme être amoureux
Ecrire, c'est pas malin
C'est crier au monde son destin

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